
de Nicolas Winding Refn
avec Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston, Kristina Hendricks
Mon avis: Voilà le film qui m'a le plus plu ce mois ci. Je l'attendais depuis que Cannes en avait parlé, et je n'ai pas été déçue. Mais j'ai eu du mal a en parler. Peut être parce qu'il épure si bien sa trame qu'il est difficile de parler d'autre chose que de ce sentiment de connexion ultime entre l'écran et le spectateur, ce moment de cinéma absolu, purement sensoriel, loin de toute réflexivité ?
Nicolas Winding Refn nous propulse à toute vitesse à travers Los Angeles. On marche roule sur les traces de grands noms déjà passés par là, Michael Mann et son somptueux Collateral en tête, Drive va bien au delà de ces références, il les évoque sans jamais ne se satisfaire que d'elles. Dès la séquence d'introduction on prend la mesure de la maîtrise de Refn, montage exemplaire, tension, hyper réalisme, on est suspendu à l'écran comme (trop) rarement dans une salle de cinéma. Drive c'est l'appropriation d'un cinéma qu'on croyait livré à jamais au bousin bourrin des Seagal et autres Lundgren, et qui pourtant s'adonne là à un exercice de style d'une exigence d'autant plus remarquable qu'elle joue sur le terrain d'un genre cinématographique peu habitué à tant de maestria. Si l'image est léchée et fluide à la James Gray, sa puissance n'appartient qu'à son réalisateur, seul aujourd'hui à associer si bien la plus primitive des violences à l'élégance paradoxale de l'image. Refn, en jouant du saccage des contrastes, de leur effet oppressant, renvoie Tarantino à l'école. Il prend toujours des paris risqués, dire que ces précédentes réalisations sont peu accessibles est un euphémisme murmuré avec les deux mains couvrants la bouche. Et pourtant ils se sont imposés comme une renaissance d'un cinéma d'auteur qui joue habilement des codes, des références et finalement de lui même, portant en lui les germes d'une nouvelle définition de l'objet cinématographique, quelque part entre l'expérience des sens et le travail du sens. Saisissant le cinéma en son coeur, Nicolas Winding Refn s'approprie les mythes fondateurs, du western au road trip. Allant même jusqu'à la refondation du héros et de son rôle, Refn prend le spectateur à contre pied et joue de la prétendue simplicité de son scénario pour que le film ne puisse se lire qu'à travers ce driver totalement illisible en tant que "héros". Autour de son impassibilité s'échafaudent les variations brutales de température et d'ambiance (scène de l'ascenseur) qui constituent l' empreinte d'un cinéaste qui aura préféré la pureté à la densité. Maîtrise formelle qui s'avère plus pernicieuse en sous-couche, virages en épingle qui font effet et sens, Drive ce n'est rien que du cinéma mais c'est là tout le cinéma. $)



Onering-forrulethemall, Posté le dimanche 11 novembre 2012 17:35
J'ai beaucoup aimé ce film!
Et j'adore la musique aussi *-*